LE PUY NOTRE DAME

Deux photos exceptionnelles inédites

Notre spécialiste cartes postales et photos vient de nous communiquer deux documents rares que je vous transmets



La première est prise de la route de Saint Macaire mais nous ne connaissons pas l'homme de la photo



La seconde concerne sans doute la même personne, de dos devant l'ancienne mairie
Sur la gauche le lotissement actuel n'existait pas.
Il y avait un clos appartenant à la famille Poirier et acquis par la commune dans les années 1950

La cave vivante du champignon



Par ces temps de canicule vous rêvez de site touristique à visiter au frais, entre 13 ou 14 degrés
Il faut même mettre un pull
Et bien tout cela existe dans le Saumurois et notamment à Sanziers sur Le Puy Notre Dame
Vous êtes accueilli par un sympathique “comment tu vas“ par le père Jules et vous avez immédiatement l'impression d'avoir affaire à un proche
C'est le cas



Dès qu'il met sa cotte, Jacky alias le père Jules vous rappelle les bons moments passés ensemble et vous fait entrer au centre de la terre
Vous découvrirez au frais les champignons de Paris, les galipettes, les pleurotes, les habitats troglodytiques, des expositions sur les cavités (la nouveauté) sur les chauves souris sans oublier le petit coup de breton du père Jules devant sa cheminée
N'hésitez pas et entrez avec la famille Roulleau père et fils dans les entrailles de la commune au frais



LE PUY NOTRE DAME

Les cloches de la collégiale

Le bulletin municipal du mois de décembre 1995 contenait un article sur les cloches de l'église
Il précisait l'existence de trois cloches
J'ai repris cet article pour le mettre à jour
Cette rétrospective modeste est dédiée aux anciens et nouveaux habitants du Puy Notre Dame
Découvrez l'histoire de la naissance de Marie Louise, cette magnifique cloche qui vous rappelle l'heure chaque jour



Lorsque vous visitez Le Puy Notre Dame, les habitants se font un plaisir de vous faire découvrir la Collégiale en indiquant qu'elle est composée de trois clochers et deux sans cloches.
Bien entendu lorsque on prononce uniquement cette phrase sans l'écrire, on peut s'étonner du nombre de 200 alors qu'en réalité , dans cette magnifique église, on ne compte que trois cloches.
La première et la plus importante est le bourdon dont le poids tourne autour de 1500 kilos.
La seconde qui sera remplacée en 2008 pèse 509 kilos
Les deux sont accrochées dans le grand clocher qui surplombe la petite cité.
La troisième est située sur les préaux et a égrené pendant de nombreuses années les heures et demi heures pour les 1300 âmes du dessous grâce à une pendule cachée dans un clocheton visible de la rue Notre Dame.
Le mécanisme de l'horloge étant tombé en panne, les heures sont maintenant assurées par un système électrique sur le plus petit carillon du clocher.
Mais ce ne fut pas de tout repos pour ces demoiselles.
Une première intervention d'un habitant avait indiqué que le tintement de l'heure gênait son sommeil de nuit.
Le conseil municipal de l'époque, présidé par Pierre Guyard, avait accepté comme c'est le cas aujourd'hui de couper les heures de nuit .
C'est ainsi que l'heure peut être entendue à partir de l'Angelus de 7 heures du matin pour cesser à 19 heures le soir.
Une seconde intervention avait carrément demandé à ce que les battements soient coupés dans la journée.
Le nouveau conseil que je présidais, dans les années 1990, a tout simplement refusé la demande, à l'unanimité, en indiquant que lorsqu'il n'y aurait plus l'heure, il n'y aurait plus de vie dans le village.
Ce sont bien les cloches qui rythment les journées avec les joies et les peines, les mariages, baptêmes et décès.
N'ont t' elles pas résonné avec allégresse au moment de la libération en 1944.
Bref tout est pour le mieux jusque ce midi de 2006 où Françoise Gourdon, alors conseillère municipale , me signale que la petite cloche s'est mise à sonner faux.
C'est elle alors qui a fait arrêter le mécanisme, supprimant ainsi le risque de détachement d'un morceau qui aurait pu tomber en contrebas du clocher.
La cloche était fêlée et pendant deux années, le village restera orphelin de l'heure.



Marie

Il faut savoir que toutes les cloches d'église ont un nom gravé sur leur dessus.
Elles portent également le nom d'un parrain, d'une marraine , du curé de la paroisse et du maire de la commune, son poids et le nom du fondeur et la date de naissance
En effet depuis que la cloche principale est descendue dans l'église pour cause de fêlure, une quatrième cloche s'est installée dans notre collégiale dans le clocher à sa place

Je vous livre la carte d'identité de chacune et reprends l'installation de la dernière pour obtenir un article plus complet

La cloche Numéro 1

C'est le bourdon qui est aujourd'hui dans le fonds de l'église
Elle a été fondue en 1859 par Guillaume Besson
Son diamètre extérieur à la pince est de 1,45m et son poids de 1885 kilos.
Sur le vase supérieur figure une inscription circulaire de quatre lignes, écrites en majuscules romaines :
"J'ai été bénite en 1859 par M.Ferdinand Chesneau, vicaire général.
Nommée Marie Rose Louise Charlotte Emelie Isabelle par M.Charles Louvet, chevalier de la légion d'honneur, propriétaire du Lys, maire de Saumur, député au corps législatif, président du Conseil Général de Maine et Loire, mon parrain, et par Madame Rose Françoise Chantal Baillargeau, veuve de Monsieur J.Alexandre Baillargeau, ma marraine.
Monsieur Germain Guittoneau étant curé et Monsieur Charles Neau maire du Puy Notre Dame.

La cloche Numéro 2

Le diamètre extérieur à la pince est de 0,98m et son poids est de 509 Kg.
La note est un ré
Vase supérieur : une inscription circulaire de trois lignes, écrites en majuscules romaines.
"J'ai été fondue l'an 1838, je m'appelle Marie, je pèse mille livres, j'ai été baptisée par Monsieur Duchesne curé de cette paroisse.
Mon parrain monsieur de Vieillebanc de Lesnay, ma marraine Madame Honorine Soulard épouse de Charles Louvet membre du Conseil Général du département de Maine et Loire, Monsieur Charles Gay maire, Monsieur Delaage, président du conseil de fabrique".
Panse : une croix latine reposant sur trois gradins, le tout est orné d'une Vierge à l'Enfant Bas de la panse : le nom du fondeur "Mabileau fondeur (premier gradin) à Saumur".

La cloche Numéro 3

Il s'agit d'un timbre, c'est à dire d'une cloche immobile frappée par un marteau.
Le diamètre extérieur de la pince est de 0,96 m et son poids s'élève à 467 kg.
La note est un do.
Vase supérieur : une frise alternant une fleur de lys avec une fleur, une inscription circulaire de six lignes, dont cinq sont écrites en majuscules romaines
"Je suis nommée Anne Jeanne Angélique et Marie Magdeleine, demoiselles de Larivière de Montigny et Ambroise Joseph Treton, Soeur du Mousseau, conseiller du roy, lieutenant en l'élection de Montreuil Bellay, époux de Melle Jeanne Gueniveau de la Raye, j'ai été bénie par Maître Jean Vincent Roblain, curé du Puy Notre Dame et doyen du chapître royal duv dit lieu , André Lamoureux entrepreneur procureur de fabrique et René Beunie Maître chirurgien et sindicque (2 fleurs de lys)".
Panse : une croix latine avec une fleur de lys aux extrémités des bras, reposant sur un gradin, le tout orné de rinceaux
Bas de la panse : le nom du fondeur "Michel Julienne m'a fait à Saumur en l'année (cinq mots effacés suivent : le premier pourrait être 1763 et le dernier 634)
Une immaculée Conception au dessus d'un chérubin
Un ange jouant de la trompette sur des flots et tenant un phylactère

La marraine était l'épouse de Charles Louvet, conseiller général de Montreuil Bellay ( entre 1838 et 1870), conseil qu'il présida de 1856 à 1869
C'est ce dernier qui fera un don à la commune pour la création du corps de sapeurs pompiers
Il était banquier, conseiller municipal en 1834 et maire de Saumur de 1844 à 1869
Il sera député du Maine et Loire de 1848 à 1870, puis ministre de l'Agriculture dans le cabinet d'Emile Olivier
Son père était propriétaire du château du Lys
Charles Gay fut maire du 25 février 1835 au 12 décembre 1843
Monsieur de Veilleblanc de Lernay a été élu du Puy Notre Dame en 1838 pour compléter le conseil municipal en raison de la démission de plusieurs conseillers
Sa famille était propriétaire d'un monument important à droite en entrant au cimetière, monument aujourd'hui abattu pour non entretien en raison de la reprise des concessions

La cloche Numéro 4

Au cours du premier semestre 2007, la municipalité s'est lancée sur le remplacement de la cloche.
Thierry Buron, spécialiste du Conseil Général du service de la conservation des antiquités et objets d'arts est venu défendre le projet et a présenté les propositions reçues.
Le conseil municipal a alors accepté et retenu l'entreprise Cornilleau-Havard pour la fourniture d'une cloche neuve pour un montant de 22590€, pour le remplacement du battant du bourdon avec chape pour 2717€ soit un montant total de 25895€.
L'entreprise Fonteneau a également été choisie pour les travaux de maçonnerie et la repose de la cloche pour 18035€ .
La société Epin Levage pour la dépose et la repose de la cloche avec une grue pour 586€
Il a été décidé à l'unanimité de conserver l'ancienne cloche « Marie » qui sera exposée dans l'église en raison de son intérêt historique.
Pour la municipalité l'essentiel était encore de trouver le financement.
La population a apporté un réel soutien avec satisfaction .



La nouvelle cloche "Marie Louise"

La municipalité avait décidé le remplacement de la cloche mais les spécialistes fondeurs nous pressaient pour trouver parrain, marraine et tous les textes qui figureraient sur la remplaçante de la sonnerie des futurs Angelus.
Il a donc été décidé que le texte sur une face serait le suivant:
«Je m'appelle Marie Louise,.
Je pèse 590 kgs.
J'ai été bénite en 2008 par Jean Claude Cadeau, curé de la paroisse.
Dominique Monnier, maire du Puy Notre Dame» suivi de l'inscription du fondeur.
Cela permettait de respecter la tradition et j'avoue que malgré ma jeunesse avancée, j'étais fier que mon identité puisse monter dans le clocher pour un nouveau siècle qui m'autoriserait sans doute à découvrir le 22ème.
Sur l'autre face
«Ma marraine Christiane Marquis, mon parrain Jacky Clée.
D'aujourd'hui à demain, je chante les heures, les peines et les joies d'içi-bas»
Ces deux derniers noms ont été choisis:
Le premier par la paroisse pour mettre en évidence une personne qui s'est dévouée pour l'église
Et le second par la municipalité en choisissant une personne qui a été président du comité des fêtes, organisateur des fêtes du vin et du champignon, longtemps adjoint au maire et apprécié de toute la population
Il nous restait ensuite à assister au coulage de la cloche et pour ce faire un voyage en car a été organisé avec les habitants pour assister au moulage
Il eut lieu le 30 novembre 2007, à Villedieu les Poëles en présence du prêtre de la paroisse qui a béni la manifestation
C'était impressionnant et, parmi les personnes présentes, aucun bruit n'a perturbé le silence religieux du coulage dans la chaleur étouffante qui s'est emparée de tous
Il nous restait néanmoins à financer l'opération
La mobilisation de la population a dépassé toutes les espérances.
Sur le coût total, si la municipalité recevait le soutien du Conseil Général à hauteur de 6795€ , celui de la réserve parlementaire du député Michel Piron pour 5000€ et un auto financement de 23205€, il fallait compléter le financement pour assurer l'opération.
Les cloches n'étant pas classées monuments historiques comme l'église , nous ne pouvions obtenir des subsides de l'Etat
C'est alors que Monsieur le Maire s'est mis en relation avec la Fondation du Patrimoine, organisme créé à l'origine par le sénateur maire de Saumur Jean Paul Hugo, avec laquelle la municipalité a signé une convention.
Il s'agissait de faire une souscription publique auprès des habitants pour que ces derniers versent au minimum 5 % de montant des travaux estimés à 43000€
En contrepartie l'association verserait 25 %.
La mairie a alors adressé une demande de souscription à tous les habitants.
Elle a permis de récolter avec les concerts 7507€.
C'était gagné et l'association du patrimoine a versé 10000€ à la commune grâce à la mobilisation générale.
Le président de l'association a été surpris d'une telle réaction et a reconnu que la cloche est un élément sensible important et fait partie de son identité en temps qu'âme du village .



Le Baptême



L'entrée de Marie Louise

Fruit d'un bel élan de générosité des donateurs, Marie Louise, née des mains des artistes de la fonderie de Villedieu les Poëles, a pris le dernier mercredi de février 2008 la direction de son clocher, lieu de sa résidence d'adoption
Elle est arrivée à 13 h 30 aux portes de la Collégiale, attendue par quelques habitants et conseillers municipaux et accompagnée par deux techniciens campanaires de la fonderie Cornilleau-Havard.
Elle devait être transportée à l'intérieur sur le côté droit de la nef car sa présence était indispensable pour sa cérémonie de baptême prévue le dimanche 2 mars.
Mais notre fidèle, si on peut l'appeler ainsi, n'était pas facile à manier en raison de ses 589 kilos.
Il a fallu prendre les grands moyens et Sébastien Derouineau s'est chargé de cette délicate mission en élevant Marie Louise avec le bras télescopique de son tracteur et en la déposant aux pieds des marches à l'intérieur de l'église.
Le reste ne fut plus qu'une formalité.



Les deux fondeurs ont ensuite débarrassé Marie Louise de sa gangue protectrice et elle est apparue pour la première fois superbe et étincelante aux yeux des privilégiés présents.
C'est alors que le battant a frappé la campane et Marie Louise s'est mise à chanter pour la première fois en public d'une voix pure devant ses admirateurs.
Le 2 mars est arrivé rapidement, de même que les paroissiens et curieux pour assister au baptême.
De mémoire de Ponot, la Collégiale ne connut que rarement une telle affluence pour une messe dominicale.
C'est ce que dira le curé de la paroisse , Jean Claude Cadeau, chargé de l'office.
La cérémonie ressembla à s'y méprendre à un baptême avec le parrain, la marraine, la cloche ornementée d'une aube blanche avec onction et eau bénite.
Le prêtre a ensuite invité Jacky Clée et Christiane Marquis à faire sonner la cloche.
Des dragées ont été distribuées à la population.
Marie Louise était devenue officiellement ponote.



Le prêtre, la marraine et le parrain




Marie Louise se prépare

La montée au clocher

Le premier mardi de mars fut la journée de la descente de Marie et son remplacement par sa suppléante Marie Louise.
Cette opération extrêmement délicate a nécessité l'installation d'une grue de 35 tonnes louée à l'entreprise Epin d'Allonnes.
Une centaine de personnes étaient rassemblées et entouraient les enfants des écoles présents pour l'occasion.
Après avoir enlevé les abat-sons , dans la matinée la cloche Marie avait été désinstallée de ses supports et descendue.
Elle a aussitôt été embarquée pour subir une toilette à l'eau sous pression avant d'être installée dans l'église où elle trône maintenant pour surveiller si sa suppléante sonne les heures avec précision.



Marie Louise s'envole

Marie Louise était prête et a grimpé avec la facilité permise par la grue les quarante mètres qui la séparait du clocher pour rejoindre avec beaucoup d'empressement le bourdon qui se trouvait isolé du son de sa voisine depuis deux années.
Il était 14 h 35 précise lorsque Marie Louise, rutilante, arrivée en haut de l'échafaudage, fut frappée de deux coups par l'un des ouvriers de la fonderie et chacun a pu entendre la justesse de la note qui depuis n'a cessé d'égrener l'heure du village comme Marie avait su le faire pendant plus de cent années.
Les élèves des écoles n'ont pas manqué d'applaudir et depuis elle sonne dans l'indifférence le midi et le soir avec bonheur, n'oubliant pas que c'est son silence qui risquerait de la faire remarquer.
Depuis elle attend les 25 et 31 décembre pour carillonner avec son ami le bourdon pour le bonheur des habitants qui savent qu'il perdrait une partie de leur identité sans les tintements de Marie Louise.



Marie Louise s'installe pour de nombreuses années

Dominique Monnier